mercredi 30 septembre 2009

Le temple de Savitri







Epouse malheureuse de Brahma... Alors qu'elle tardait à le rejoindre pour une fête (pas prête sans doute), Brahma la punit en prenant une autre femme. Mesdames, retenez la leçon !
Elle possède son temple sur une colline près de Pushkar, et le pélerinage ne serait pas complet sans l'ascension vers le sanctuaire, qui possède une belle statue de la déesse(photos interdites).
Beaucoup font l'ascension pieds nus, voire à genoux... Les derniers mètres se font obligatoirement sans chaussures, et la propreté n'est pas la principale caractéristique du lieu. Ni la tranquillité. Rien à voir avec le recueillement dans nos églises: ici c'est le mouvement perpétuel.
Evidemment le paysage au sommet est fabuleux...

Kartika Purnima







Ou fête de la pleine lune du mois de kartika (octobre -novembre); c'est donc le but de tout ce remue-ménage à Pushkar, préparer la venue de la pleine lune. Je l'ai photographiée cette lune, et j'espère qu'elle vous portera bonheur. Ce soir-là, tous les pèlerins se rassemblent sur les ghats et font flotter une fleur de lotus enflammée: un spectacle magique. Le tout accompagné des chants habituels. Une grande ferveur populaire et des milliers de gens qui font des voeux impossibles...
Encore une fois, pour faire des photos, il fallait toute l'adresse de Ronald... je me suis limitée à immortaliser la lune !
Sur l'une des photos, vous apercevez une colline surmontée d'un petit temple illuminé: ce sera le sujet du prochain post.

Les saddhus de Pushkar











Pas de pélerinage hindou sans saddhus... vrais ou faux sages, ermites barbus, à moitié nus (le climat le permet), vivant de prières et d'aumônes, dispensant leur savoir aux touristes naïfs, héritiers des hippies de la belle époque. On les trouve sur les ghats, près des temples, à l'ombre sous les arbres de l'allée menant au sanctuaire de Brahma... Pour la plupart d'habiles mystificateurs. Par ailleurs il existe à Pushkar plusieurs ashrams, communautés où vous pouvez passer un temps plus ou moins long à bénéficier de l'enseignement d'un gourou, tout en participant à une vie plutôt spartiate, destinée à vous purifier. Toujours à la mode... Vous le savez, je suis une grande sceptique et pas du tout tentée par ce genre d'expérience. Il règne à Pushkar une ambiance baba, véhiculée par quelques routards hippies attardés, et encouragée par les friperies qui rappellent les belles années de la "route". On ne mange pas de viande mais on trouve facilement à se rouler un joint, même si c'est désormais interdit.

Photos prises par Ronald à la sauvette, donc de qualité diverse. Le long du bâtiment bleu, sur la route de notre hôtel, une concentration de saddhus sales complètement inactifs du matin au soir; la sagesse à l'état pur !

mardi 29 septembre 2009

Les temples de Pushkar



































Nombreux mais relativement modernes, car les plus anciens ont été détruits par l'empereur moghol Aurangzeb. La plupart sont interdits aux non-hindous et nous n'avons pas pu pénétrer au delà des cours. Des prières - toujours les mêmes phrases, lancinantes - sont diffusées par haut-parleur. La ferveur ne cesse jamais à Pushkar. La foule non plus, et dans certaines artères tellement dense qu'on avance poussé par elle. C'est parfois un peu stressant, surtout pour moi qui n'aime pas les contacts physiques avec des inconnus.
Tous ces gens s'installent le soir le long des rues pour dormir, allongés les uns à côté des autres; vous imaginez l'hygiène...Beaucoup reçoivent des repas gratuits dans les temples, un peu de riz et de sauce. Quant à nous, c'est régime végétarien total, pas un seul restaurant n'est autorisé à servir de la viande (ou de l'alcool), ville sainte oblige.
J'ai peu de photos de Pushkar, je me sentais souvent mal à l'aise, limite voyeurisme. Ronald était plus adroit dans la discrétion: la plupart des photos sont de lui

Les ghats de Pushkar







Les ghats, ce sont les escaliers qui mènent au lac, où se pressent les dévots des deux sexes pour se baigner. Le lieu est sacré, on y accède pieds nus, et les photos sont interdites (pancartes et gardiens); normal, puisque pour toute cette foule qui dort à la belle étoile, les ghats sont comme une salle de bains doublée d'une église. Les touristes sont acceptés, à condition qu'ils se fassent discrets.

lundi 28 septembre 2009

Pushkar




De Pushkar, je garde un souvenir ébloui; l'Inde profonde, c'est là que je l'ai découverte.

Petite ville bâtie autour d'un lac sacré, Pushkar est le seul endroit de l'Inde à posséder un temple dédié à Bhrama. Aussi les foules en provenance de tout le pays convergent à Pushkar pour le pélerinage, qui a lieu à la pleine lune de novembre, en même temps qu'un immense marché aux chameaux. Nous avions combiné notre itinéraire pour être à Pushkar à ce moment précis.
Notre souhait était de loger au seul palace du coin, le Jagat, vieille bâtisse princière au bord de l'eau, avec la certitude d'être aux premières loges...mais le destin ne le voulut point: c'était complet. Notre Radar nous conseilla le Master of paradise, et à part sa situation un peu excentrée, cet hôtel était réellement un morceau de paradis (la meilleure soupe aux épinards de ma vie)








Le fort de Jaigarh











Dominant celui d'Amber (et le protégeant) c'est un fort sans cesse agrandi par les princes de Jaipur, qui abritait des temples hindous et surtout les trésors des souverains; c'est maintenant un dédale de cours, de salles et de chemins de rondes, livrés à la fantaisie des singes; on peut y admirer un énorme canon de 50 tonnes, qui ne tira jamais qu'un seul boulet ! 3 km à errer dans ce labyrinthe, et un magnifique paysage en récompense.
En bas, le petit peuple s'affaire, comme autrefois, à deux pas des résidences secondaires bâties sur l'eau...

Le fort d'Amber
















Autrefois capitale de l'état de Dhundar (maintenant Jaipur), Amber dominait la vallée par une forteresse inexpugnable, lieu de bien des combats entre princes rajpoutes rivaux. Lorsqu'il fallut collaborer avec les empereurs moghols, les princes d'Amber abandonnèrent cette place-forte pour construire la ville de Jaipur dans la plaine, et par la même occasion le palais rose dont je vous parlais précédemment.
Amber se trouve à 8 km de Jaipur, dans un majestueux décor montagneux; on monte traditionnellement la rampe d'accès à dos d'éléphant, si toutefois on se lève à l'aube et qu'on accepte une file interminable au milieu des groupes organisés, dont c'est une des offres de prestige. Nous y avons renoncé, préférant garder du temps pour visiter la forteresse de Jaigarh, qui se trouve encore plus haut et que les groupes négligent... Bien sûr la montée à dos d'éléphant constitue un intermède glamour, le signe sous lequel je place ce voyage... mais coincés dans une longue file de touristes comme un cortège de carnaval ? Factice et artificiel, n'est-il pas ? Aussi je ne regrette pas notre choix.
Amber est plus un palais qu'une forteresse militaire; la magnificence des princes rajpoutes est infinie...

dimanche 27 septembre 2009

A boire et à manger




La cuisine indienne est délicieuse, souvent très épicée, mais avec une version plus douce pour les estomacs délicats des occidentaux. Une succession de petits plats végétariens, parfois de la viande, poulet ou mouton; ma préférence va aux lentilles et aux épinards. Le tout accompagné de riz et de chapati, les galettes de pain.


Le thé est une préparation à base de cardamone et de lait, servie à toute heure et en toutes circonstances.


Le lassi est un yaourt liquide, sweet ou salted, sucré ou ... salé, en fait nature. Délicieux. On trouve des boissons alcoolisées dans les restaurants touristiques, mais nous nous contentions généralement d'un jus de citron à l'eau - rafraîchissant et désaltérant...

Les danseuses











A Jaipur, tout restaurant de bon niveau propose en attraction musiciens, danseurs et danseuses. Ces dernières sont d'une grâce infinie, d'une sensualité calculée et d'une grande beauté. Comme sur les miniatures rajpoutes... Jugez vous-mêmes

samedi 26 septembre 2009

Le marchandage


Comme tout le monde, j'ai marchandé sur les marchés d'Amérique latine ou d'Afrique; j'avoue ne pas être une fanatique de l'exercice et me contenter d'une baisse raisonnable - et rapide - du prix; si ça ne me convient pas, je passe mon chemin.
Avec Ronald, j'ai découvert l'art du véritable marchandage, qui demande patience, ruse et sang-froid. C'est avec une certaine stupéfaction que j'ai observé les délicates négociations qu'il affectionne, que ce soit à propos de bijoux en argent, de textiles ou d'objets anciens, et qui peuvent durer longtemps, souvent même autour d'une tasse de thé. Pour se terminer à la satisfaction des deux parties, certaines l'une comme l'autre d'avoir fait une bonne affaire, ce qui laisse rêveur.
A Jaipur j'ai vécu mes premières expériences et n'ai pas eu la présence d'esprit de prendre des photos. J'en ai profité également, car souvent les pièces de moindre valeur que je choisissais étaient offertes en cadeau...
Comme photo, un magasin de soieries - ah ! les couleurs !

Dans la rue











C'est moins rose, vous allez voir... L'Inde est sale, désespérément sale. Même si les saris multicolores ont tendance à le faire oublier.

La ville rose











A Jaïpur, tout est rose, sauf la vie des pauvres gens. A commencer par le palais des Vents, cette élégante fantaisie architecturale, dont les petites ouvertures permettaient aux recluses du zenana (harem) de voir sans être vues. Et aussi le City palace, ensemble compliqué de gracieuses galeries, de cours gigantesques et de pièces d'apparat d'un luxe inouï. Et encore de nombreuses maisons particulières, dont les propriétaires sont priés d'entretenir la couleur rose, tourisme oblige.
Au city palace on peut admirer deux immenses jarres, d'une contenance chacune de 8128 litres, que le souverain emporta avec lui, remplies d'eau du Gange, lors de son voyage en Angleterre en 1901...On hésite entre le ridicule et l'écoeurant. Un autre monde, vraiment, mais un luxe tellement séduisant, malgré ses excès.

Les Rajpoutes




Nobles guerriers dont l'origine remonte à la nuit des temps, les Rajpoutes se sont posés en défenseurs de la foi hindoue dès l'arrivée de l'islam. Obligés - après bien des luttes - de pactiser avec les souverains moghols, ils se sont transformés en aristocrates raffinés, protecteurs des arts, à l'origine d'une vie de cour fastueuse; les voilà donc, ces fameux maharadjahs richissimes, qui bâtirent de somptueux palais après avoir abandonné leurs forteresses désormais inutiles. Ils perdirent leurs privilèges après l'indépendance; ruinés, ils ne peuvent plus entretenir leurs palais, qui deviennent des musées ou des hôtels de luxe
La famille royale de Jaïpur - apparemment pas si démunie que ça - occupe toujours une partie du city palace. Photos: en blanc l'actuel souverain, en grande tenue le souverain des années 30, la grande période anglaise.

Jaïpur




Jusqu'ici nous avons logé dans des guesthouses plutôt banales ou décrépies; A Jaïpur, nous étrennons le haut de gamme, un hôtel installé dans une ancienne haveli, cad une demeure patricienne. Ne croyez pas qu'il faut dépenser une fortune pour un tel hôtel ! Surtout si vous marchandez le prix, comme ne manque pas de le faire mon guide...


Le site Internet ne dévoile pas le côté un peu fatigué de l'ensemble, seulement le charme, indéniable...

Les empereurs moghols


Un bref condensé d'histoire, juste pour que vous suiviez... C'est en 1526 que Babur (descendant de Tamerlan) défait le dernier sultan et fonde l'empire moghol. Les Arabes avaient déjà conquis l'Inde précédemment et imposé la religion musulmane, qui connaîtra un grand essor sous les Grands Moghols. Les grands noms de cette dynastie sont Akbar, Jahangir et Shah Jahan (celui du Taj Mahal); avec Aurangzeb, son fils, (1658- 1707) commence la décadence et la domination européenne (fondation de l'east india company en 1600); des empereurs fantoches se succéderont jusqu'en 1858 pour céder la place à l'administration britannique.

Parallèlement aux empereurs moghols subsistent des seigneurs locaux (les maharadjahs) dont il sera question plus loin...
Photo: le beau Shah Jahan qui aimait tant sa Mumtaz